A un âge où sa fraîcheur commençait à se ternir, Cornelia Granby avait conservé de son passé d’actrice le goût de la vie large et des amours à répétition. Hélas, comme il y avait maintenant belle lurette que le cours de sa carrière cinématographique avait été freiné, puis tronqué, par les poussées de croissance d’une génération de starlettes plus promptes à se dévêtir qu’elle-même ne l’avait été en son temps, les produits de son industrie principale et des extra sur lesquels elle avait débouché tendaient à s’épuiser et il n’était pas difficile de prévoir que ses seules richesses consisteraient bientôt en un album de coupures de presse et un carton de photos jaunies.
Pourtant, à l’heure où la gloire les partis flatteurs s’étaient succédés à ses pieds.
Malheureusement pour elle, le jeune Lord qui avait provisoirement arrondi sa taille s’était écrasé, en Angleterre, contre un platane au volant de sa Lotus de compétition ; l’aventurier, qui l’avait un moment épaulée en Italie, avait disparu sans laisser de traces avec, à ce qu’il paraît, toutes les polices d’Europe à ses basques ; et le mécène américain, qui l’avait mise à New York dans un écrin doré, avait été revolvérisé par une faction rivale lors d’une discussion d’affaires particulièrement mouvementée. Cornelia avait joué de malchance avec ses soupirants les mieux intentionnés.
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