Le coup dont il s’agit n’a ressemblé en rien au traditionnel putsch africain ou au classique pronunciamento latino-américain qui mobilisent l’un et l’autre des troupes en armes et qui sont généralement assortis de professions de foi sonores. A dire le vrai, il s’est déroulé dans une telle discrétion que les citoyens du pays où il s’est produit ne se sont aperçus de rien et que
les services secrets des états amis et rivaux n’ont pas encore signalé à leur gouvernement respectif que le territoire en question est désormais contrôlé par une autre équipe.
Afin de ne point leur mettre la puce à l’oreille, nous tairons – en contant l’histoire de ce remarquable tour de passe-passe –
le nom de la contrée qui en fut récemment le théâtre et nous affublerons les auteurs de l’opération de pseudonymes à consonance étrangère. Qu’on sache cependant que la révolution de palais, dont nous allons narrer les péripéties, est intervenue de ce côté-ci de la ligne de partage des idéologies. Libre à chacun, en fonction des indices qu’il croira avoir recueillis dans le cours
du récit, de déterminer son lieu géométrique.
L’initiateur du mouvement – appelons-le Boleslaw – avait développé sa vocation de conspirateur sur un autre continent et n’avait guère cessé, depuis son retour en Europe, de comploter contre le pouvoir – quel qu’en fût le détenteur du moment.

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