C’est à ce membre de 1.’appareil que le prévenu portait le dossier lorsqu’il avait maladroitement glissé sur la chaussée. Comme il ignorait l’identité du personnage, il avait été convenu qu’il insérerait tout simplement sa brochure entre les revues, au salon de lecture du palace sur la colline, à partir de 6 heures du soir au jour de son choix et qu’il ferait réclamer par le chasseur un certain Mr. Balaboo.
Le service s’arrangea pour poster des vigiles et remplaça par un de ses stagiaires le messager accidenté. Le substitut respecta la consigne à la. lettre pendant que le groom demandait Mr. Balaboo à tous les échos. Bien entendu, nul ne répondit à ce nom.
Dans l’heure qui suivit ce signal, sept clients de l’hôtel visitèrent le salon dont l’accès avait été interdit au personnel. Le détail de leurs manipulations échappa en partie aux observateurs cachés car, lorsqu’on constata la disparition du dossier, les espions jurèrent leurs grands dieux qu’aucun des sept n’avait quitté les lieux avec une enveloppe bulle sous le bras. La présence d’un morceau de chewing gum collé sous un guéridon révéla ultérieurement aux enquêteurs que l’opération avait été conduite en deux temps…
Sans doute aurait-on pu, pour des raisons de sécurité, arrêter les sept voyageurs, en paquet, et les soumettre au gril. Dans un pays à vocation touristique, hélas, il est très dangereux d’offrir à six innocents l’occasion de se poser en victimes d’un grave manquement aux lois de l’hospitalité. La presse anglo-saxonne est parfaitement capable de vous gâcher l’année en dénonçant le caractère policier du régime. Alors, puisque toute erreur eût entrainé, pour la balance commerciale, des conséquences catastrophiques, il ne fallait frapper qu’à bon escient.